Un peu de Montréal dans le «Dumbo» de Tim Burton

Fondé en 1986, Framestore compte aujourd’hui 3 000 employés et 6 studios à travers le monde. Ses activités touchent la publicité, la réalité virtuelle, la télévision et les effets visuels. Le bureau montréalais se charge particulièrement des activités de réalité virtuelle et des effets visuels. Lors de l’édition 2019 d’effects America, Hubert Maston, superviseur VFX chez Framestore à Montréal, a expliqué comment son équipe a créé Dreamland, un environnement central de la nouvelle version du film d’animation de Disney réalisé par Tim Burton.

Dreamland apparaît dans le troisième et dernier acte du film. Il s’agit d’un immense parc d’attractions. Le réalisateur voulait recréer un parc d’attractions inspiré de celui de Coney Island à Brooklyn. « Nous voulions nous trouver en dehors de New York, dans un parc bordé par Surf Avenue, face au front de mer, explique le superviseur VFX de Framestore à Montréal. Il fallait lui donner un look d’époque, pas trop moderne. » Nous avons travaillé sur 350 plans, ce qui peut ne pas paraître beaucoup. Il fallait donner une toile de fond à Dumbo dans le parc. » Le point de vue variait, de près à vol d’oiseau.

L’éclairage comptait beaucoup, parfois de jour, avec les nuages et la lumière du soleil, parfois de nuit, avec la lune et le parc comme unique source de lumière. Il fallait aussi rester fidèle à la vision de Tim Burton, il fallait lui plaire. Les nuages ont pris des airs de carte postale. Le tout devait être vivant puisque la caméra bougeait beaucoup dans le parc d’attractions, suivant les gens dans les manèges ou se promenant. Avec ceci en tête, l’équipe a pu commencer le tournage.

Le plateau de tournage était massif, son principal point focal se trouvant sur l’avenue centrale du parc. « Nous avons commencé à construire à partir de ça, les acteurs et les figurants se trouvant immergés dans le parc, précise Hubert Maston. Il y avait des fonds verts partout et nous devions simuler la lumière provenant de l’extérieur. Or, dans un plateau immense, il devient difficile de bouger l’éclairage tout le temps. L’avantage, par contre, s’est avéré qu’il y avait une partie centrale et nous pouvions construire là-dessus pour reproduire des prises de vue larges.

Pour le plateau numérique, l’équipe de Framestore a créé des modules de façon très classique, à la Sim City, ce qui rendait les prises de vue plus faciles à regarder. Si quelque chose ne fonctionnait pas, il n’y avait qu’à effectuer les changements et si quelque chose avait l’air bien, il n’y avait qu’à ajouter des textures pour rendre le tout le plus réaliste possible. « Avec le layout, nous devions créer de la flexibilité, créer une vision du parc sans casser la continuité, note Hubert Maston. Il fallait animer les manèges et la foule, ce que nous avons réalisé en capture de mouvement. Chaque plan est un élément de l’histoire pour Tim Burton. Chacun a été fait pour faire naître la bonne émotion, ce qui rend la composition pour le plan très importante. Tim nous donnait littéralement ses commentaires de la salle de montage. Le ciel était un élément important pour lui, il permettait de définir l’humeur des personnages. »

Et après tout ce travail, il a fallu mettre le feu au parc. Il fallait une continuité à travers plusieurs séquences. Le feu devait évoluer de façon naturelle en donnant un sens de danger pour Dumbo et les enfants, mais pas trop. « On devait sentir le feu, plutôt que le voir, précise Hubert Maston. Nous avons conçu le feu en utilisant la méthode de cube. » Il fallait rendre l’effondrement des structures de la façon la plus réaliste possible, selon la matière dont elles étaient construites, en rendant le tout le plus plausible possible.